Homélie du 1er Dimanche de l’Avent

« Veillez Â»
(1 er Dim.Avent B 2020)

« Ah! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais Â»(Is. 63 19) Qui de nous, à certains moments de la vie, n’a-t-il pas désiré que Dieu descende pour réparer notre monde déchiré et meurtri ? Ce cri du prophète ne rejoint-il pas notre désir d’un monde avec plus de justice et d’amour ? Et celui qui regarde ce monde avec lucidité et clairvoyance ne pousserait-il pas le même cri ?

Mais l’homme providentiel n’a-t-il pas déchiré les cieux pour descendre dans ce monde blessé et meurtri ? Le Fils de l’homme portait dans le cÅ“ur une vision grandiose, brûlante, chaleureuse d’une humanité libérée, revivifiée par la tendresse et la proximité de Dieu. Il nous appelait à consentir, sans hésitation et sans délai, à la venue de Dieu dans notre cÅ“ur et dans notre vie pour que nous comprenions
notre grandeur et notre dignité.. N’est-ce pas là le Royaume qu’Il est venu annoncer.

Avec la venue du Fils de l’homme le Royaume est déjà là, mais il est fragile à cause de notre inconsistance. C’est pour cela que l’Evangile de Marc nous dira : « Prenez garde, restez éveillés Â» Toutefois notre vigilance ne tend pas vers un moment à venir, mais c’est une attention à saisir cette venue dans le creux de nos vies de chaque jour.

C’est dans une ambiance dramatique que Marc nous rapporte ce brève texte de l’Evangile de ce jour. A peine a-t-il parlé de la veille que Marc dira : Â« Les grands prêtres et les scribes cherchent comment arrêter Jésus pour le tuer Â» (Mc XIV 1) Et il est intéressant de remarquer que les disciples qui ont reçu ce message ne l’ont pas intériorisé. Ils dorment pendant l’agonie ! Ils n’ont pas pu veiller une heure avec Jésus. Que le cÅ“ur du Maître a dû être blessé par ses proches qui n’ont pu veiller pendant ces heures si intenses et dramatiques !

Les disciples n’ont pas compris que Jésus était un veilleur et un éveilleur. Et pourtant, par ses actes et ses paroles, Il voulait éveiller les êtres à une vie plus profonde, à la rencontre aimante des autres, surtout des plus petits et des plus meurtris. Que de fois n’avait-Il pas guéri, nourri et réveillé les êtres les plus abîmés. Il faudra la venue du l’Esprit- Saint pour que les disciples se souviennent et comprennent combien ils avaient été enfantés par cet homme inoubliable. C’est alors qu’à leur tour, ils deviendront des veilleurs et des éveilleurs qui sortent de leur peur et de leur endormissement.

Oui, Dieu veut faire de nous des guetteurs et des éveilleurs dont le regard scrute au loin, des êtres de vigie qui savent garder le cap vers l’autre rive , quelles que soient les péripéties de la navigation ou du confinement. Mais pour cela, il faut préserver en soi, malgré les tempêtes qui secouent notre cœur, la capacité à être étonné, surpris, émerveillé de tout ce qui se fait de bien, de grand, de fort dans notre monde. De tous ces petits gestes d’amitié et d’encouragement qui nous sont témoignés.

Pour terminer, alors que toute l’actualité du moment ne parle que de drames de l’humanité, j’aimerais me
laisser rejoindre par cette invitation à veiller. Car veiller, c’est déployer toutes les antennes de son pouvoir d’aimer pour détecter, dans la beauté du monde et la grandeur de l’homme, nos raisons de vivre et d’espérer. Veiller, c’est aussi croire que Dieu ne veut pas la souffrance, et qu’Il vient vers nous, non pour l’expliquer mais pour la partager. Veiller, enfin, c’est être plus fort que la nuit, plus fort que le sommeil, car le Christ Ressuscité veille en nous.

Etre des veilleurs et des éveilleurs. Voilà notre mission en ces temps où la joie de Noël se profile déjà à l’horizon. L’incarnation n’est pas un événement du passé, elle est l’irruption de Dieu dans notre monde pour que les hommes prennent le chemin de la paix, de la miséricorde, du partage. Se mette à veiller est tout un programme et nous n’avons pas trop de ces quatre semaines, pour nous inscrire dans l’actualité de cet enfant qui vient.

Bonne marche vers cet Enfant qui nous invite à veiller dans la foi !

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