« Le Seigneur vient, préparons la route »

2ème dim. de l’Avent 2017

Tout au long de notre cheminement vers la crèche de Bethléem, la liturgie de l’Avent place des piliers de la foi qui vont nous conduire vers l’enfant Jésus : ce sont Isaïe, Jean le Baptiste, Marie et Joseph. Nous entendons en ce 2ème dimanche de l’avent Isaïe le Prophète et Jean le Baptiste. Ils sont comme deux sentinelles qui veillent à l’entrée de la grotte de la nativité. Impossible d’accéder à l’Enfant Jésus sans passer par eux, sans les écouter, sans leur ressembler un peu. Et ce qu’ils nous annoncent aujourd’hui c’est une même bonne nouvelle : Voici le Seigneur qui vient ; c’est une même exigence: aller dans le désert préparer le chemin de Dieu. La bonne nouvelle qu’Isaie apporte à son peuple en exil est une consolation et une grande espérance : « Finie votre épreuve ; voici votre Dieu qui vient comme un père consoler son petit enfant de sa peine et de sa souffrance. Il vient comme un berger vous rassembler ; c’est lui qui vous conduira et avec lui l’entrée dans votre terre sera triomphale. » Dans cette vision merveilleuse, le peuple d’Israël trouvera force et persévérance pour préparer son chemin. Mais la consolation d’Israël, la venue du Seigneur est de tous les temps. La vision que nous devons aussi garder sans cesse devant les yeux et dans notre coeur c’est d’un Dieu qui continue aujourd’hui à nous ouvrir un avenir infini en venant lui-même dans cet enfant de Bethléem nous sauver de tous nos exils, de toutes nos servitudes, toutes nos situations apparemment sans issue possible. Mais beaucoup n’entendent plus cette bonne nouvelle étant trop souvent pris ailleurs par une vie quotidienne trépidante et superficielle. Il nous faut regarder alors Jean Baptiste quitter la foule et le bruit de Jérusalem pour s’enfoncer dans le désert. Là la consolation qu’il nous apporte a pour nom le baptême de conversion pour le pardon des péchés. C’est dans le désert de silence que nous ressentons notre isolement, notre fragilité, là que nous apprenons, en découvrant l’essentiel, à connaître notre propre misère, notre petitesse, là que s’éveille notre vraie soif de plénitude, notre désir de Dieu. Et Jean ayant vraiment pris conscience de sa petitesse devant la puissance du Seigneur qui vient ne va pas retenir le regard des gens sur lui. Il nous donne à regarder Jésus : « Voici venir derrière moi Celui dont je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales. ». Lui vous baptisera dans l’eau pleine du feu de l’Esprit qui lave de toutes souillures, dilate les cœurs, fait tomber toutes les chaines. Ce feu couve en nous depuis notre baptême. Mais Les déserts où les hommes et les femmes cherchent Dieu pour le rencontrer peuvent prendre des

formes infiniment variées. Peuvent être aussi désert pour nous, la permanence du Secours catholique où se succèdent des gens affrontés à toutes sortes d’épreuves, désert aussi pour nous une chambre d’hôpital où il faut lutter contre la maladie, désert pour nous l’entreprise où on se bat pour trouver des commandes, pour continuer à travailler, désert un monastère où il faut durer dans la prière et la vie communautaire ; car dans tous ces lieux on peut faire aussi l’expérience de la fragilité, de la solitude, de la misère de l’homme, l’expérience de la rencontre du Christ à travers l’homme blessé. Dans tous ces déserts, la conversion à laquelle nous sommes appelés n’est pas à prendre uniquement comme une démarche individuelle, centrée sur soi même. L’attente de l’avent nous enracine plus profondément dans l’attente de toute l’humanité pour la paix, la justice et le bonheur. En nous engageant pour les réaliser autour de nous, nous préparons le chemin de Celui qui vient. Car c’est bien à nous qu’il revient de combler les ravins d’incompréhension entre nations, groupes et ethnies, à nous d’abaisser les collines de la domination des plus nantis sur les plus pauvres, de rendre droits les passages tortueux de le corruption et des jeux cachés d’influences, de changer en plaine les escarpements de l’accès difficile au travail et à une dignité égale pour tous, de tracer une route dans les terres arides de la faim, de la soif et des maladies de tant de populations de par le monde. Et cela nous ne pouvons le réaliser tout seul. Il faut un engagement commun, réfléchi et organisé. Et en le faisant, même à très petite échelle, nous travaillons déjà à révéler la gloire de Dieu, à annoncer par nos actes le nouveau Pasteur qui conduit son troupeau, rassemble les agneaux et les porte sur son cœur. Dieu bénit notre attente active et s’y donne déjà à rencontrer.
C’est le sens de ce synode qu’inaugure cet après midi notre évêque et qui s’intitule « Osons un nouvel élan, vers une Eglise disciple-missionnaire » C’est une chance incroyable qui nous est donnée de pouvoir partager en petits groupes librement constitués pour dire nos attentes, nos espérances, nos difficultés par rapport à notre Eglise, pour faire naître aussi de vraies communautés. Participer à ces échanges, ce sera apporter notre pierre à la préparation du chemin du Seigneur, ce sera devenir artisans de paix et ouvriers pour un monde plus juste. L’espérance en un ciel nouveau et une terre nouvelle doit être notre guide en sachant que c’est le Christ qui nourrit notre espérance en nous donnant son Esprit de force et de persévérance.
Gérard

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